Données

Localisation
5605 Avenue de Gaspé
Montréal
Québec
H2T 2A4
Canada
Étendue des opérations et activités
Organisation
Quartier
Secteur
À but non lucratif ou non gouvernemental
Enjeux généraux
Environnement
Arts, culture, et loisirs
Planification et développement
Sujets spécifiques
Citoyenneté et rôle des citoyen.ne.s
Protection de l’environnement
Participation publique
Liens
https://champdespossibles.org/
Types généraux de méthodes
Espaces de conversation informels
Organismes civiques
Types généraux d’outils/techniques
Proposer et/ou élaborer des politiques, des idées et des recommandations
Informer, éduquer et/ou sensibiliser

ORGANISATION

Les Amis du Champ des Possibles

5 septembre 2020 marie.lefebvre.2
Localisation
5605 Avenue de Gaspé
Montréal
Québec
H2T 2A4
Canada
Étendue des opérations et activités
Organisation
Quartier
Secteur
À but non lucratif ou non gouvernemental
Enjeux généraux
Environnement
Arts, culture, et loisirs
Planification et développement
Sujets spécifiques
Citoyenneté et rôle des citoyen.ne.s
Protection de l’environnement
Participation publique
Liens
https://champdespossibles.org/
Types généraux de méthodes
Espaces de conversation informels
Organismes civiques
Types généraux d’outils/techniques
Proposer et/ou élaborer des politiques, des idées et des recommandations
Informer, éduquer et/ou sensibiliser

Le Champ des Possibles est un projet citoyen d’appropriation et de gestion d’une friche urbaine situé dans le secteur Est du Mile End, dans l’arrondissement Le Plateau-Mont-Royal à Montréal. Il est géré depuis 2013 en cogestion par l’arrondissement et les Amis du Champ des Possibles, un regroupement de citoyens qui travaillent à préserver le champ comme espace vert communautaire et habitat de la biodiversité.

Mission et objectif

Les Amis du Champ des Possibles est un organisme à but non lucratif fondé en 2010 à la suite de démarches d’idéation concertées avec le Comité des citoyens du Mile End. Sa mission se définit comme suit :

-          Pérenniser le Champ des Possibles en tant qu’espace vert public et réserve de biodiversité urbaine

-          Promouvoir et encourager l’éducation populaire en matière de sciences naturelles, d’histoire et d’arts

-          Promouvoir la création de nouveaux espaces verts et de biocorridors urbains.

Depuis 2010, l’organisme travaille de concert avec les citoyens et l’arrondissement pour développer une vision d’aménagement du Champ des Possibles et faire découvrir la biodiversité de cette friche urbaine au public.[i]

Origines et développement

Le terrain : une friche abandonnée au coeur du Mile End

Le Champ des Possibles correspond à un espace de près d’un hectare à Montréal, dans le secteur Est du Mile End, délimité par la voie ferrée au Nord, l’avenue Henri-Julien à l’Est, les grands édifices de l’avenue de Gaspé à l’ouest et l’ancien site des Viandes Saint-Laurent au Sud. Anciennement appelé le Champ Maguire, le terrain était une carrière exploitée au courant des 18ème et 19ème siècle, qui a par la suite progressivement laissé place à un étang et un dépotoir. Des noyades dans l’étang ont conduit à combler l'espace insalubre. Il a ensuite fait l’objet d’une acquisition par le Canadien Pacifique en 1905 pour sa proximité à la ligne ferroviaire implantée en 1876. Le Canadien Pacifique y installe en 1906 une cour de triage[ii]. Abandonné au début des années 1990, l’espace devient peu à peu une friche urbaine au cœur d’un quartier industriel où les espaces verts et les terrains vacants se font rares[iii]. Progressivement, le lieu devient un espace d’appropriation citoyenne aux multiples usages : rassemblements spontanés, feux de camps, pique-niques, mais surtout un espace de circulation, raccourci pour les usagers qui se dirigent vers le métro[iv].

Un projet de rachat par la Ville : la construction d’un problème public 

Propriété du Canadien Pacifique, la friche est approchée par la Ville de Montréal pour un rachat à la fin des années 2000[v]. La Ville a pour projet de transformer l’espace vert en « cour à camions »[vi], ce qui implique de bétonner cet espace vert contaminé par des décennies d’industrialisation. La mobilisation citoyenne est importante pour contrer le développement du projet, alors que la campagne électorale municipale de 2009 bat son plein. Les élections constituent une fenêtre d’opportunité pour rendre visible le projet de protection de la friche urbaine du Champ des Possibles.

2007-2009 : une mobilisation citoyenne pour la reconnaissance de l’espace vert

Dès 2006, la Ville de Montréal s’associe à l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal pour proposer la tenue d’une démarche de concertation sur l’avenir du secteur Maguire, qui comprend notamment la friche abandonnée[vii]. De multiples experts se mobilisent alors pour démontrer le potentiel économique et immobilier de cet espace en pleine transformation, notamment par l’implantation de l’entreprise Ubisoft dans le secteur en 1997. Les citoyens se mobilisent quant à eux pour faire valoir la valeur écologique, sociale et culturelle de la friche du Champ Maguire. La mobilisation a pris de l’ampleur grâce à trois types d’action :

  • Une mobilisation artistique au service d’un espace culturel 

Une artiste, Emily Rose Michaud, a créé en novembre 2007 une oeuvre de land art collaborative pour attirer l’attention du public sur le Champ Maguire et sa valeur, développer l’engagement citoyen autour du site et questionner le projet de destruction prévu par la Ville. Intitulé le « Roerich Garden », cette oeuvre fait référence au pacte Roerich, un symbole de la Deuxième Guerre mondiale employé pour transmettre aux pilotes en charge de larguer des bombes l’information sur les sites de grande importance culturelle[viii]. Emily Rose Michaud s’est associée au collectif de jardiniers « Sprout Out Loud » pour entretenir, grâce à une mobilisation citoyenne locale, un symbole de Roerich fait de plantes et de roches à l’année longue pendant trois ans[ix]. Le projet a été documenté par un livre électronique, rassemblant 40 textes et 1000 images, illustrant l’appropriation citoyenne de l’espace et l’attention donnée par les citoyens à leur territoire à travers le projet[x]. La mobilisation artistique citoyenne témoigne de la valeur culturelle d’une friche et de l’espace des possibles créé par un parc sauvage au cœur de la ville, jugé trop précieux pour faire l’objet d’une disparition.

  • Une mobilisation scientifique au service de la biodiversité

Plus de 413 espèces végétales et animales visibles ont été recensées sur le site du Champ Maguire[xi]. Un expert en biodiversité urbaine, Roger Latour, arpente l’espace en friche pour recenser les différentes espèces afin d’alimenter ses propres recherches en histoire naturelle. Le projet de destruction de l’espace vert prévu par la Ville de Montréal le pousse alors à mobiliser une communauté de biologistes et d’horticulteurs en défense de la valeur écologique du site. Ils démontrent alors, par l’entremise de recherches scientifiques, l’importance de protéger la biodiversité urbaine qui se crée sur des sites postindustriels à l’instar du Champ Maguire.

  • Une mobilisation citoyenne en contexte de démarche participative initiée par la Ville

La publication des premières orientations de développement pour le secteur par la Ville et l’arrondissement en 2006, puis l’annonce d’un investissement de 9 millions de dollars pour un projet d’aménagement urbain dans le secteur en 2008 conduisent les citoyens du quartier rassemblés au sein du Comité des citoyens du Mile End à se mobiliser. Ce comité fondé en 1982 regroupe 600 citoyens impliqués dans l’amélioration de la qualité de leur quartier et démontre une force de mobilisation à travers le temps. Le Comité des citoyens du Mile End invite l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal à dialoguer avec les citoyens au sujet de l’avenir du secteur. Cela se concrétise par une assemblée publique, le 9 avril 2008, qui initie une démarche citoyenne participative à l’initiative du Comité des citoyens[xii]. Ce dernier organise une série de rassemblements citoyens entre mai 2008 et avril 2009. La démarche citoyenne combine des sondages auprès de la population locale et des usagers, des cafés citoyens thématiques (transport, habitation, culture, économie et services, patrimoine et environnement), des visites et marches exploratoires du secteur qui culminent dans l’organisation d’un forum citoyen le 26 avril 2009. Par le biais d’une présentation théâtrale des enjeux du secteur puis de discussions en petits groupe, le forum a permis de faire émerger des idées directrices et des propositions concrètes pour le secteur. Il a rassemblé 130 participants. Le Champ a fait l’objet de plusieurs propositions concrètes, dont la création d’une place publique ouverte aux résidents, aux artistes et aux artisans, mais aussi la préservation de son côté sauvage grâce à une décontamination par des moyens naturels pour conserver l’espace vert existant[xiii].

2009-2013 : institutionnalisation de la démarche collective

  • Une mobilisation inscrite dans un contexte d’élections municipales

Un collectif informel rassemble les mobilisations citoyennes pour démontrer des qualités culturelle, écologique et sociale du Champ Maguire. Ce collectif prend le nom des Amis du Champ des Possibles, renommant ainsi le Champ Maguire pour les multiples opportunités qu’il porte auprès des citoyens du quartier. Il entreprend de donner forme aux priorités établies par le forum citoyen et travaille à la rédaction d’une vision d’avenir pour la friche urbaine. La démarche du forum citoyen se poursuit alors par des charrettes d’idéation. Ces dernières permettent la réalisation de plans architecturaux présentés à la Ville et aux différents candidats aux élections municipales en 2009. La vision d’avenir citoyenne rassemble les différents aspects de la mobilisation citoyenne autour de 7 priorités : la protection du caractère patrimonial, de la biodiversité, des pratiques artistiques, la promotion des pratiques pédagogiques, d’un aménagement récréatif, le développement de la dimension scientifique et environnementale et le soutien au processus participatif[xiv].

  • La reconnaissance des Amis du Champ des Possibles comme interlocuteur et cogestionnaire

Projet Montréal, seul parti à adhérer complètement au projet présenté par le collectif, remporte les élections de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal en 2009. Afin d’instaurer un dialogue avec les élus de l’arrondissement, le collectif des Amis du Champ des Possibles s’institutionnalise sous la forme d’un organisme à but non lucratif en 2010. La collaboration est initiée avec l’arrondissement pour assurer la sauvegarde et l’avancement du projet. À l’issue de trois ans de négociation et d’une consultation publique en 2012, une modification au Plan d’urbanisme et au Règlement d’urbanisme de l’arrondissement permet de pérenniser le Champ des Possibles en 2013 avec l’octroi d’un zonage d’espace naturel[xv]. Une entente de cogestion en partenariat entre l’arrondissement et les Amis du Champ des possibles est également signée en 2013 pour les années 2014 à 2017. Elle définit le Champ des Possibles comme un « espace d’expérimentations novatrices en matière de développement durable et de pratiques liées à la préservation du caractère naturel du milieu » et reconnait les Amis du Champ des Possibles comme « interlocuteur privilégié de la mobilisation citoyenne et de la promotion d’événements et d’activités »[xvi].

2013 – 2020 : Les développements

  • Le partenariat de cogestion

De 2014 à 2017, des activités de programmation extérieures sont prévues par l’entente de cogestion à la charge des Amis du Champ des Possibles. Le renouvellement de l’entente en 2017 permet l’octroi de 20 000$ par an pour 3 années afin de réaliser des activités d’animation, de surveillance et de contrôle de l’herbe à poux[xvii]. Le fonctionnement de la cogestion repose sur la création d’un comité rassemblant des membres de l’arrondissement, un membre du conseil d’administration et la coordonnatrice des Amis du Champ des Possibles[xviii]. Grâce à l’entente de service, Les Amis du Champ des Possibles ont pu bénéficier d’une place à la table des négociations pour faire valoir leur vision du développement du site, mais aussi d’un soutien financier renouvelé dans le temps, ce qui leur a permis d’aller chercher par la suite d’autres subventions et de consolider leur structure. L’organisme s’est ainsi doté d’un poste de coordination et de charge de projet (en 2014 et 2015), a pu mettre en place un plan stratégique et multiplier les collaborations. Toutefois, la cogestion révèle des enjeux quant à la pérennité du financement, puisque l’entente n’a pas été renouvelée depuis 2019 faute d’accord sur le soutien financier de l’arrondissement[xix].

  • La mission de préservation de la biodiversité

Les Amis du Champ des Possibles ont pour mission de « pérenniser le Champ des Possibles en tant qu’espace vert public et réserve de biodiversité urbaine » mais aussi de « promouvoir la création de nouveaux espaces verts et de corridors urbains »[xx]. Pour ce faire, de nombreux partenariats sont noués dans la communauté du secteur Saint-Viateur Est. Ils ont pour objectifs de sensibiliser, mobiliser et informer les usagers du Champ des Possibles sur le processus de réhabilitation et de conservation de l’espace. L’organisme s’allie également à un ensemble de chercheurs universitaires pour mettre de l’avant les aspects novateurs du projet de réhabilitation, répertorier la biodiversité en présence et réfléchir à de nouvelles manières de décontaminer le Champ.

En effet, l’entente de cogestion entre les Amis du Champ des Possibles et l’arrondissement implique un travail conjoint pour établir un plan de réhabilitation des sols contaminés afin de protéger les 160 arbres issus d’une vingtaine d’espèces[xxi]. Le projet du Champ des Possibles diffère ainsi grandement des approches d’aménagement naturalisé, qui impliquent une décontamination avant de laisser à la nature le droit de s’étendre de manière sauvage. Les Amis du Champ des Possibles ont pour ambition de trouver des manières de décontaminer de manière alternative, sans intervention massive sur l’espace en friche. Cette approche contrevient de prime abord aux règlements municipaux qui imposent la décontamination des parcs naturels fréquentés par le public[xxii] et fait donc la spécificité du projet du Champ des Possibles.

Pour protéger et promouvoir la biodiversité présente au Champ des Possibles, des activités de recensement et de catalogage sont régulièrement entreprises et réunies sous l’appellation de « bioblitz »[xxiii], en collaboration avec des professionnels de la biologie. Un catalogue de la biodiversité a ainsi été réalisé en 2014, recensant les différentes espèces de la flore et de la faune du parc. Il a été mis à jour et publié à nouveau en 2017. Des documents complémentaires ont été compilés également : un inventaire des insectes, un état de santé de la flore du site, des recommandations sur l’entretien pour les années à venir, etc.

Pour s’assurer de la protection de la biodiversité présente sur le site, des activités de corvées de nettoyage sont organisées avec l’aide de bénévoles. Elles visent au nettoyage du site, à la gestion des poubelles ainsi qu’à l’extermination de l’herbe à poux présente en masse au Champ des Possibles. Ces corvées sont possibles grâce à de nombreux partenariats avec des organismes facilitants, qu’ils soient spécialisés dans des activités de bénévolat ou d’insertion sociale et professionnelles de jeunes (Katimavik, YMCA, Diners St-Louis, etc.). Enfin, en 2017, le financement par l’arrondissement a permis la formation d’une patrouille verte bénévole impliquée tout au long de l’été, notamment pour l’arrachage de l’herbe à poux, en collaboration avec l’organisme Atchoum qui fournit l’expertise sur l’éradication de cette plante allergène[xxiv].

  • La mission pédagogique et culturelle

La mission des Amis du Champ des Possibles comprend aussi un volet éducatif et culturel, afin de « promouvoir et encourager l’éducation populaire en matière de sciences naturelles, en histoire et en arts »[xxv]. Dès 2015, un kiosque d’accueil est installé dans le parc grâce à un conteneur afin de se rendre au plus près des publics et des usagers. De multiples activités sont organisées sur le site, grâce à des partenariats ou des initiatives autogérées[xxvi]. Ainsi, au Champ des Possibles, il est possible de pratiquer le yoga, la danse, le dessin botanique, d’assister à des projections de Wapikoni Mobile ou encore de participer à des camps de jour avec Le lion et la souris. De nombreuses activités de sensibilisation concernant la problématique de l’herbe à poux sont également entreprises sur le site avec de la signalisation mais aussi auprès des résidents du secteur grâce à la distribution de flyers dans les boîtes aux lettres. Pour rendre accessible les publications scientifiques, des efforts de pédagogie sont mis en œuvre, à l’exemple du catalogue de la biodiversité qui a été adapté en livre à colorier, vendu au profit de l’organisation.

Enfin, de multiples activités de rayonnement, sous la forme de conférences, visites guidées et tenues de kiosques sont organisées auprès du monde universitaire et professionnel pour faire connaître la mission des Amis du Champ des Possibles et assurer une mobilisation autour du projet.

Structure organisationnelle, adhésion et financement

Structure organisationnelle

Initialement organisé sous forme d’un comité informel, le collectif des Amis du Champ des Possibles s’est institutionnalisé pour gagner en légitimité face aux pouvoirs publics. Devenu organisme à but non lucratif en 2010, puis cogestionnaire du Champ des Possibles en 2013 en collaboration avec l’arrondissement Le Plateau-Mont-Royal, l’organisme s’est depuis doté de bureaux en 2016 au sein de la coopérative Temps Libre Mile End qui jouxte le parc.

Membrariat

L’organisme fonctionne par implication de ses membres au sein de sous-comités pour le développement de projets ou pour la gestion annuelle du parc (art, biodiversité, entretien, etc.). En 2018, ce sont 424 membres qui font partie des Amis du Champ des Possibles[xxvii].

Le fonctionnement de la structure se fait à la mesure du temps et des énergies de chacun, du fait du statut bénévole des membres. Toutefois, des postes rémunérés semblent avoir été occupés ponctuellement au sein de l’organisation depuis 2014. Un poste de coordination au développement a ainsi été occupé depuis janvier 2014, tandis que des postes temporaires et contractuels ont vu le jour en 2015 ainsi qu’en 2017 : responsable de la gestion des bénévoles, responsable et support à l’entretien écologique, biologistes et entomologistes.

Si les Amis du Champ des Possibles s’appuient sur le soutien de leurs membres, l’organisme tire également sa légitimité au sein du secteur Saint-Viateur Est par l’organisation de consultations citoyennes au sujet des réflexions de fond quant à l’avenir du parc et du secteur. En collaboration avec le Comité des citoyens du Mile End, les Amis du Champ des Possibles se constituent donc comme intermédiaire entre les instances municipales, avec lesquelles ils partagent la cogestion du site, et les citoyens et usagers du Champ des Possibles.

Comité de cogestion

En tant que bénéficiaire d’une entente de service avec l’arrondissement, les Amis du Champ des Possibles doivent rendre des comptes auprès des instances municipales, ce qui implique la mise en œuvre de plans stratégiques et de bilans à chaque année. La gestion en collaboration avec l’arrondissement est rendue possible par le biais d’un comité de cogestion, réunissant des représentants de l’arrondissement et des administrateurs des Amis du Champ des possibles[xxviii] pour discuter des enjeux liés à la gestion du site. Les dossiers traités par le comité de gestion recoupent le plan de réhabilitation du site, l’aménagement, la gestion des déchets, les usages et nuisances, le contrôle des espèces envahissantes et la stratégie de restauration. La réhabilitation des sols contaminés occupe principalement le comité, puisque l’arrondissement, la Ville de Montréal et les Amis du Champ des Possibles doivent s’entendre pour déposer un plan de réhabilitation des sols contaminés auprès du Ministère du développement durable, de l’environnement et de la lutte aux changements climatiques.

Financement, dons et services

Le principal financement des Amis du Champ des Possibles était assuré par l’entente de service signée avec l’arrondissement, accordant 60 000$ sur trois ans, de 2017 à 2019. Toutefois, ce financement n’est pas assuré puisque l’entente qui devait être renouvelée en 2020 n’a toujours pas fait l’objet d’un accord, l’arrondissement ne souhaitant plus contribuer financièrement à l’entretien et l’animation du Champ des Possibles. Pour assurer la stabilité financière de l’organisation, les Amis du Champ des Possibles ont cherché des subventions auprès de différentes sources de financement. La recherche de fonds vise tout autant les organismes subventionnaires de recherche universitaire, grâce aux multiples partenariats noués avec la communauté scientifique, que les fondations privées comme la Fondation TD Les Amis de l’environnement et WWF Canada qui financent des projets au Champ des Possibles en 2018. Des demandes de financement pour des subventions à l’emploi ont aussi été déposées en 2018 afin d’embaucher la main d’œuvre principalement bénévole sur le projet[xxix].

D’autres sources de financement ont été assurées par la communauté. Ainsi, une campagne de sociofinancement en 2015-2016 a permis l’apport de 20 000$ de la part de 140 donateurs. Ce succès a conduit à un renouvellement de la formule sous un format mensuel en 2017. En outre, des frais d’adhésion pour devenir membre permettent aussi une source de revenu pour les Amis du Champ des Possibles. Enfin, la vente de produits dérivés depuis 2017 (herbiers, livre à colorier, chandails, catalogue) assure également un financement à la mission. Une partie de l’offre d’ateliers prodigués par les Amis du Champ des Possibles pourrait constituer une avenue de financement également par la vente de services[xxx].

Spécialisations, méthodes et outils

Cogestion du site : un acteur de poids dans les négociations

Les Amis du Champ des Possibles ont pour mission de pérenniser la réserve de biodiversité urbaine que constitue le Champ des Possibles[xxxi]. À ce titre, la décontamination et la sécurisation du site pollué par des décennies d’industrialisation ne peut se faire que progressivement, avec une intervention minimale de l’homme dans l’espace. Or, ce fonctionnement est contraire aux règlements municipaux. Ainsi, les lois exigent la remise en état des sites contaminés avant toute construction de nouveaux aménagements destinés à la fréquentation large du public. La décontamination par excavation est ainsi très souvent préconisée[xxxii]. De plus, les normes de sécurisation des aménagements urbains stipulent des besoins d’éclairage, d’accessibilité et de visibilité. Ces deux normes sont contraires aux objectifs du projet des Amis du Champ des Possibles[xxxiii]. L’entente de cogestion implique donc des négociations non seulement dans l’aménagement, l’entretien et l’animation du site mais également dans les procédures et les manières de faire des instances municipales. La lutte menée par les Amis du Champ des Possibles pourrait ainsi renouveler les protocoles de gestion des terrains contaminés au Québec en « les pensant autrement »[xxxiv].

Afin de peser dans les négociations et d’être considéré comme un interlocuteur légitime des pouvoirs publics, différentes stratégies ont été développées par les Amis du Champ des Possibles.

La première consiste à l’institutionnalisation du collectif mobilisé en organisme à but non lucratif structuré. Ainsi, les revendications sont transformées en plans d’action, transposant l’espace des luttes dans un langage et une forme entendue des pouvoirs publics.

La deuxième stratégie déployée consiste à s’associer au monde universitaire pour faire valoir l’importance de la biodiversité sur le site du Champ des Possibles. La mobilisation citoyenne pour défendre le projet de parc naturel au Champ des Possibles a, entre autres, été initiée par un biologiste qui utilisait le site comme terrain de recherche. Les rapprochements avec le monde scientifique se sont poursuivis par la suite, permettant notamment de standardiser les approches et de rendre les procédures de recensement plus rigoureuses par la mise en place d’un protocole scientifique de collecte de données. Mais le travail avec les scientifiques a aussi et surtout permis de cadrer la mobilisation dans un registre scientifique, afin de gagner en légitimité face aux pouvoirs publics. Les Amis du Champ des Possibles cherchent ainsi à encadrer et suivre l’évolution du projet sur le site en collaboration avec des universités. Les pistes de recherche visent à élaborer un plan de restauration fondé sur un type de gestion différent de celui des parcs urbains, en prenant pour appui l’idée que le site est vivant et en croissance. « La restauration écologique est axée sur la création de conditions nécessaires à la croissance et à l’évolution d’un site en tant que système vivant et changeant, n’intervenant qu’au besoin, et afin d’offrir une plus grande diversité et résilience face aux défis à relever [xxxv]». En traduisant en langage scientifique les aspirations des Amis du Champ des Possibles, le partenariat avec des universités pourra contribuer à proposer des orientations claires légitimées par l’expertise universitaire auprès de la Ville afin de modifier les pratiques de gestion des parcs.

Enfin, les Amis du Champ des Possibles s’appuient également sur une stratégie de mobilisation citoyenne en se positionnant comme interlocuteur entre les instances municipales et la population locale. En partenariat avec des organismes locaux, tels que le Comité des citoyens du Mile End, Espaces Temps ou encore la Pépinière, les Amis du Champ des Possibles développent des démarches de consultation citoyenne qui légitiment la parole qu’ils portent auprès de l’arrondissement. Ce rôle de représentation se concrétise notamment lors d’un projet d’Agora des Possibles, mis en place entre Espaces Temps, les Amis du Champ des Possibles et Temps libre Mile End et soutenu par l’arrondissement Le Plateau-Mont-Royal. Le projet vise à « amplifier les initiatives citoyennes » en stimulant la réalisation d’interventions extérieures et proposant un comptoir de ressources informant sur les projets communautaires au sein du quartier. Les aménagements temporaires proposés dans le cadre d’Agora des Possibles ont été ponctués par des ateliers de médiation et des zones d’expression libre permettant un dialogue entre citoyens et porteurs de projets au sujet des plans préliminaires de réaménagement des zones investies. Les Amis du Champ des Possibles visaient par leur participation aux ateliers de médiation à stimuler un esprit critique face aux aménagements proposés au public[xxxvi]. Ces activités de consultation sont régulières pour l’organisme qui démarre en 2020 un partenariat avec les universités Concordia et McGill afin de saisir le profil des usagers du Champ des Possibles et comprendre les différents usages de l’espace[xxxvii]. Par ce rôle d’intermédiaire entre les instances municipales et les citoyens du quartier, les Amis du Champ des Possibles bénéficient d’une légitimité par le bas face aux pouvoirs publics.

Grands projets et événements

Initiatives portées 

-  Corvées : nettoyage et entretien de l’espace, plantations, contrôle des espèces envahissantes, formation d’une équipe d’entretien bénévole

-  Animation : recensement, visites guidées, ateliers d’identification des espèces, illustration botanique, cours et vulgarisation scientifique sur la biodiversité, distribution de fleurs, cinéma, exposition

- Activités de rayonnement : conférences, kiosques d’information

Initiatives soutenues

-  Consultations citoyennes et ateliers de co-design participatif

-  Animation en collaboration avec les organismes du secteur 

Publications

Les Amis du Champ des Possibles, « Rapport d’activités 2014-2015 », http://champdespossibles.org/wp-content/uploads/2016/10/rapport-dactivitc3a9_acdp_2014-20151.pdf.

Les Amis du Champ des Possibles, « Rapport d’activités 2017 », http://champdespossibles.org/wp-content/uploads/2018/06/rapport-dactivitecc81s_acdp_20171.pdf

Les Amis du Champ des Possibles, « Rapport de projet 2017 », 1er décembre 2017. http://champdespossibles.org/wp-content/uploads/2018/06/rapport-2017_convention-pmr-acdp.pdf

Les Amis du Champ des Possibles, « Rapport d’activités 2018 », https://documentcloud.adobe.com/link/track?uri=urn%3Aaaid%3Ascds%3AUS%3Adaea44ed-8162-4e89-9a18-fae1eea42f7b#pageNum=1

Les Amis du Champ des Possibles, Bilan des activités 2019. https://documentcloud.adobe.com/link/track?uri=urn%3Aaaid%3Ascds%3AUS%3A00ad5a44-8397-4168-878f-0ef5532e724c#pageNum=7

Voir aussi

https://champdespossibles.org/

https://www.facebook.com/amisduchampdespossibles/

http://roerichproject.artefati.ca/

Notes

[i]Les Amis du Champ des Possibles, Bilan des activités 2019. https://documentcloud.adobe.com/link/track?uri=urn%3Aaaid%3Ascds%3AUS%3A00ad5a44-8397-4168-878f-0ef5532e724c#pageNum=7

[ii] Yves Desjardins, « Le ‘passé antérieur’ du Champ des Possibles », Mémoire du Mile End, 2019. http://memoire.mile-end.qc.ca/fr/le-passe-anterieur-du-champ-des-possibles/

[iii] Ville de Montréal, Le Plateau-Mont-Royal, « Secteur Maguire. Un territoire en pleine mutation », Document d’orientation, 15 mai 2006. http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/ARROND_PMR_FR/MEDIA/DOCUMENTS/SVE_DOCUMENT_ORIENTATION_2006.PDF

[iv] http://roerichproject.artefati.ca/

Atelier braq, « Requalification du secteur St-Viateur Est (évolution) », Ville de Montréal, 2010. http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/ARROND_PMR_FR/MEDIA/DOCUMENTS/SVE_ETUDE_ATELIERBRAQ_2010.PDF

[v] http://roerichproject.artefati.ca/

[vi] https://champdespossibles.org/a-propos/

[vii] Ville de Montréal, Le Plateau-Mont-Royal, « Secteur Maguire. Un territoire en pleine mutation », Document d’orientation, 15 mai 2006. http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/ARROND_PMR_FR/MEDIA/DOCUMENTS/SVE_DOCUMENT_ORIENTATION_2006.PDF

[viii] https://champdespossibles.org/

[ix] http://www.emilyrosemichaud.com/albums/the-roerich-garden-project

[x] http://roerichproject.artefati.ca/

[xi] Les Amis du Champ des possibles, « Une histoire d’agriculture citoyenne. Le champ des possibles », Festival Cultiver Montréal, 1er juillet 2020. https://www.facebook.com/events/172701027435640/permalink/198230044882738/

[xii] Le Comité des citoyens du Mile End, « Le Mile End en chantier : les citoyens s’expriment! », Roerich Project, 2009. http://roerichproject.artefati.ca/open-cities/le-mile-end-en-chantier-les-citoyens-sexpriment/

[xiii] Comité des citoyens du Mile End, « Le Mile End en chantier », Rapport sur la démarche de participation citoyenne, Juin 2009. http://roerichproject.artefati.ca/wp-content/uploads/DocumentForumCitoyenMileEnd2009.pdf

[xiv] https://champdespossibles.org/a-propos/

[xv] Arrondissement Le Plateau-Mont-Royal, « Assemblée publique de consultation. Règlement 01-277-62 modifiant le Règlement d’urbanisme de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal relatif au secteur Saint-Viateur Est », 11 septembre 2013. http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/ARROND_PMR_FR/MEDIA/DOCUMENTS/SVE_HISTORIQUE_CONSULTATION_2013-09-11.PDF

[xvi] Ville de Montréal, « Convention de partenariat avec Les Amis du Champ des Possibles », 2013. http://champdespossibles.org/wp-content/uploads/2018/06/Convention_Partenariat_2014-2017-1.pdf

[xvii] Ville de Montréal, « Convention de contribution financière avec Les Amis du Champ des Possibles », 2017. http://champdespossibles.org/wp-content/uploads/2018/06/CA17250208_AmisChampDesPossibles.pdf

[xviii] Les Amis du Champ des possibles, « Une histoire d’agriculture citoyenne. Le champ des possibles », Festival Cultiver Montréal, 1er juillet 2020. https://www.facebook.com/events/172701027435640/permalink/198230044882738/

[xix] Les Amis du Champ des possibles, « Une histoire d’agriculture citoyenne. Le champ des possibles », Festival Cultiver Montréal, 1er juillet 2020. https://www.facebook.com/events/172701027435640/permalink/198230044882738/

[xx] Les Amis du Champ des Possibles, « Rapport d’activités 2014-2015 », http://champdespossibles.org/wp-content/uploads/2016/10/rapport-dactivitc3a9_acdp_2014-20151.pdf.

[xxi] Les Amis du Champ des Possibles, « Rapport d’activités 2014-2015 », http://champdespossibles.org/wp-content/uploads/2016/10/rapport-dactivitc3a9_acdp_2014-20151.pdf.

[xxii] Luc Ferrandez, « Un comité de citoyens pour naturaliser un champs », Roerich Project Garden, http://roerichproject.artefati.ca/open-cities/un-comite-de-citoyens-pour-naturaliser-un-champs/

[xxiii] Les Amis du Champ des Possibles, « Rapport d’activités 2017 », http://champdespossibles.org/wp-content/uploads/2018/06/rapport-dactivitecc81s_acdp_20171.pdf

[xxiv] Les Amis du Champ des Possibles, « Rapport de projet 2017 », 1er décembre 2017. http://champdespossibles.org/wp-content/uploads/2018/06/rapport-2017_convention-pmr-acdp.pdf

[xxv] Les Amis du Champ des Possibles, « Rapport d’activités 2014-2015 », http://champdespossibles.org/wp-content/uploads/2016/10/rapport-dactivitc3a9_acdp_2014-20151.pdf

[xxvi] Les Amis du Champ des possibles, « Une histoire d’agriculture citoyenne. Le champ des possibles », Festival Cultiver Montréal, 1er juillet 2020. https://www.facebook.com/events/172701027435640/permalink/198230044882738/

[xxvii] Les Amis du Champ des Possibles, « Rapport d’activités 2018 », https://documentcloud.adobe.com/link/track?uri=urn%3Aaaid%3Ascds%3AUS%3Adaea44ed-8162-4e89-9a18-fae1eea42f7b#pageNum=1

[xxviii] Les Amis du Champ des possibles, « Une histoire d’agriculture citoyenne. Le champ des possibles », Festival Cultiver Montréal, 1er juillet 2020. https://www.facebook.com/events/172701027435640/permalink/198230044882738/

[xxix] Les Amis du Champ des Possibles, « Rapport d’activités 2018 », https://documentcloud.adobe.com/link/track?uri=urn%3Aaaid%3Ascds%3AUS%3Adaea44ed-8162-4e89-9a18-fae1eea42f7b#pageNum=1

[xxx] Les Amis du Champ des Possibles, « Rapport d’activités 2018 », https://documentcloud.adobe.com/link/track?uri=urn%3Aaaid%3Ascds%3AUS%3Adaea44ed-8162-4e89-9a18-fae1eea42f7b#pageNum=1

[xxxi] Les Amis du Champ des Possibles, « Règlements généraux », 2018. https://documentcloud.adobe.com/link/track?uri=urn%3Aaaid%3Ascds%3AUS%3Adad1dab4-73e1-4431-99a1-cd2243fdc91f#pageNum=1

[xxxii] Nadia Lemieux, « Mile End, le combat perpétuel du Champ des Possibles », Le journal de Montréal, 12 juin 2018. https://www.journaldemontreal.com/2018/06/12/mile-end-le-combat-perpetuel-du-champ-des-possibles

[xxxiii] Luc Ferrandez, « Un comité de citoyens pour naturaliser un champs », Roerich Project Garden, http://roerichproject.artefati.ca/open-cities/un-comite-de-citoyens-pour-naturaliser-un-champs/

[xxxiv] Nadia Lemieux, « Mile End, le combat perpétuel du Champ des Possibles », Le journal de Montréal, 12 juin 2018. https://www.journaldemontreal.com/2018/06/12/mile-end-le-combat-perpetuel-du-champ-des-possibles

[xxxv] Les Amis du Champ des Possibles, « Rapport d’activités 2019 », https://documentcloud.adobe.com/link/track?uri=urn%3Aaaid%3Ascds%3AUS%3A00ad5a44-8397-4168-878f-0ef5532e724c#pageNum=1

[xxxvi] Agora des Possibles, « 100 dessins dessous », Rapport d’activités, juillet 2016. http://champdespossibles.org/wp-content/uploads/2018/06/rapport-dactivitecc81-et-recommandations-_p1_100dessinsdessous.pdf

[xxxvii] Les Amis du Champ des Possibles, « Bénévoles recherchés », site du Champ des Possibles, 2 juillet 2020. https://champdespossibles.org/articles/benevoles-recherches/